lundi 20 février 2017

Pourquoi le foot en Tunisie se permet l'amateurisme ?

Le foot en Tunisie se permet un grand luxe : les scandales. Sans qu'aucune fâcheuse conséquence puisse le faire douter. On ne le découvre pas non plus : contre performances, gestion de clubs sans business plan, administration d'amateurs, huit clos, droits télé sur estimés, contrefaçon, marché parallèle, gloires d'antan - à amortir sur encore combien d'années ? - accusations et surtout aucun programme de remise à niveau ou de développement. De toute façon, ça ne doit pas être très grave, l'Etat continue de financer, de faire le poids, de soutenir, y a vraiment pas le feu.


On annonce un ancien footballeur dévoiler en détails, les dessous de l'ambiance de stages de préparation de l'EN pour la CAN 2012 et sans doute ce qui se passe depuis toujours jusqu'à aujourd'hui: ingérence, indiscipline, conduites contre sportives... On réplique que c'est un refoulé, rancunier, et que de toute façon on y peut rien, ce n'est plus le même entraîneur, le président de la FTF avait à peine mis les pieds à cette époque, l'ancien président de la FTF n'était pas si impliqué (...) en ajoutant "Les révélations de Adel Chedli, on ne va plus en entendre parler d'ici 10 jours". 
C'est sans doute le cas. 

En 2010, un scandale a éclaté en Afrique du Sud au milieu de la sélection française (une grève des joueurs pendant une journée d'entrainement lors de la coupe du monde, suite au départ d'Anelka après altercation avec l'entraîneur). Plusieurs décisions ont dû suivre, dont le versement de 2 millions d'euros aux sponsors en dédommagement. Nicolas Sarkozy, à l'époque, est intervenu pour déployer la refonte de la structure de la 3F et a privé tous les joueurs de leurs primes. L'impact médiatique de l'affaire avait poussé les sponsors à publier des communiqués de presse pour regretter cette situation et certains comme le Crédit Agricole ont dû arrêter leurs campagnes. 

Dans d'autres cas, les sponsors ont menacé de suspendre leurs contrats voir y arriver. adidas avait bien menacé de résilier son contrat avec l'IAAF suite au scandale russe de dopage. Sharapova a perdu dans le coup Nike, Tag Heuer et Porsche. C'est sans doute plus récurrent dans l'univers des sportifs : Oscar Pistorius, Tayson Gay, Lance Armstrong.. contrairement aux fédérations internationales, ils sont finalement remplaçables. 

La FTF, quant à elle, ne craint pas du tout le poids des sponsors. Son écosystème est tenu par l'apport financier de l'Etat (le contribuable), les sponsors sont remplaçables. Du moment qu'on se permet ce luxe, il n'est pas sujet d'une approche de performance, y a vraiment pas le feu. 
Quand je dis l'Etat, j'inclus aussi les redevances des droits télé qui sont négociés en réalité Etat face à Etat. Pourtant il s'agit principalement de droits télé qui concernent les rencontres des clubs et que ça doit revenir à la ligue et pas à la fédération (...).

Après les déclarations de Adel Chedli, je ne trouve aucune réponse de la part de la FTF et aucune réaction de la part de l'Etat, ni du CNOT d'ailleurs, ainsi on classera son intervention dans les faits divers sans rien changer à ce modèle chaotique.