Sur une simple infographie publiée hier sur le site Tunelyz, on pouvait voir l'évolution du nombre de médailles olympiques récoltées par les athlètes tunisiens en compétitions olympiques et paralympiques depuis 1992. On réussi à enregistrer en cette édition de Londres 3 médailles aux JO (Mellouli x2 et Habiba Ghribi) et en contre partie 19 médailles paralympiques (la Tunisie se placera 14ème aux paralympiques). L'article qui accompagne l'infographie finit sur une intéressante interrogation : comment expliquer cette "maigre récolte" aux olympiques ? La situation est en effet tout aussi dramatique en Afrique alors que les pays les plus riches font la course à l'Or.
Dans l'une de ses déclarations, Habiba Ghribi, médaillée d'argent aux 3000m steeple aux JO 2012, au sein de l'émission de société de la chaîne Attounissya, précise les raisons qui l'ont poussées à choisir la France et rejoindre le club Franconville : la Tunisie n'a pas les moyens de créer et d'encadrer des champions. D'ailleurs les trois médailles récoltées aux JO ont été exclusivement remportées par des athlètes tunisiens évoluant à l'étranger.
Infographie : Participation Tunisienne aux Jeux Olympiques et paralympiques. Tunelyz |
Dans un article paru sur SlateAfrique, qui a tenté d'expliquer les raisons pour lesquelles l'Afrique gagne aussi peu de médailles, une athlète confie qu'au Kenya, on ne peut pas compter sur la fédération en cas de souci de santé. Dans le même billet on nous révèle aussi que certains équipements fournis par l'équipementier sponsor de l'équipe Kenyane ont "disparu dans la nature" et que certains athlètes préfèrent même profiter de leurs entrées au UK pour y rester illégalement.
Les résultats obtenus lors des compétitions internationales ne peuvent que suivre. Des athlètes inconnus qui cherchent à gagner de l'argent dans le court terme et qui ne sont pas habilités à se concentrer sur une compétition qui se manifeste une fois tous les quatre ans. Des athlètes qui ne trouvent pas les infrastructures et le soutien nécessaires que les organismes nationaux habilités devraient fournir. Des athlètes qui ne ratent pas l'occasion de partir à l'étranger avec l'espoir de briller. "Briller" est indispensable pour attirer l'attention des sponsors. Outre le talent, il est question de moyens financiers.
La France a eu à dépenser un peu plus de 14 millions$ (plus de 22 millions de dinars tunisiens) pour accompagner au mieux ses athlètes à Londres et récompenser les médailles, soit 1685000$ de récompense aux 34 champions. Une motivation pécuniaire plutôt intéressante qui s'ajoute à l'honneur de porter la médaille. La chine quant à elle, a récompensé ses 87 médailles en versant 5718000$ à ses champions alors que les Etats Unis n'ont versé que l'1/5 soit 1875000 à ses 104 médaillés. (Update du 13/09/2012 : La Tunisie a versé 140000$ + 40000$ supplémentaires de la part du Comité nationale Olympique Tunisien à Oussema Mellouli et 76000$ + 32000$ de la part du CNOT à Habiba Ghribi - source)
Mais l'argent n'explique pas tout. D'ailleurs vous avez remarqué que les USA ne sont pas ceux qui récompensent le plus les champions. Dans un autre article sur Slate qui a tenté d'expliquer les 6 médailles (4 Or + 2 Br) de la Corée du Nord on nous révèle qu'il s'agit de supériorité mentale des athlètes. En un sens, il s'agit de volonté avant tout.
La même volonté qui fait que nos athlètes paralympiques rentrent à chaque fois beaucoup plus glorieux : 19 médailles en 2012, 21 médailles en 2008, 18 médailles en 2004 et 11 médailles en 2000.
L'amateurisme de la gestion du sport de haut niveau en Tunisie serait-elle l'une des causes qui expliquent tout ? Les nouveaux gouvernements sont-ils conscients des enjeux ou se préservent le protocol d'accueillir les champions à l'aéroport et de les inviter autour de célébrations qui leur font gagner en image plus que ça fait gagner le sport professionnel ?
La même volonté qui fait que nos athlètes paralympiques rentrent à chaque fois beaucoup plus glorieux : 19 médailles en 2012, 21 médailles en 2008, 18 médailles en 2004 et 11 médailles en 2000.
L'amateurisme de la gestion du sport de haut niveau en Tunisie serait-elle l'une des causes qui expliquent tout ? Les nouveaux gouvernements sont-ils conscients des enjeux ou se préservent le protocol d'accueillir les champions à l'aéroport et de les inviter autour de célébrations qui leur font gagner en image plus que ça fait gagner le sport professionnel ?
De gauche à droite : Habiba Ghribi, Oussema Mellouli, Hamadi Jebali et Tarek Dhiab |
Je tire quand même un point positif de tout ça : l'engagement des internautes tunisiens autour des jeux olympiques et paralympiques. Encore une opportunité pour les marques qui cherchent à associer leurs images au sport olympique et à engager leurs cibles par leur passion.