Quelles solutions pour remédier contre la mauvaise gestion des clubs : Ma contribution

Vendredi dernier, Ridha Charfeddine, nouveau président de l'Etoile Sportive du Sahel a présidé un meeting tenu à Tunis qui a rassemblé dirigeants et fans du clubs. Les différentes interventions, concernant les dernières recrues, la situation financière du club et les attentes des supporters  vis à vis de M. Charfeddine, m'ont vivement interpellé. La question devient récurrente chez les intéressés : comment remédier aux différentes problématiques de mauvaise gestion des clubs en Tunisie ?

La mauvaise gestion des clubs de foot est un fléau qui touche les plus grandes enseignes du monde. En Tunisie, on n'est pas obligé de faire l'exception. Ce qu'on retrouve par contre dans nos plus grands clubs c'est l'amateurisme des dirigeants. Par amateurisme, je dis qu'ils n'entretiennent pas une gestion professionnelle du club. Ils sont souvent comptables, avocats, docteurs, chefs d'entreprises, ils sont bien placés pour dénicher des fonds, et leurs motivations, et au delà de leur fidélité au club, ne sont pas précises. 

"Vous êtes président du club, vous êtes tenu d'apporter la valeur ajoutée" : l'une des interventions qui a eu lieu lors du meeting du ESS. 

Nos clubs sportifs, dotés d'un statut d'association, ne fonctionnent toujours pas en tant qu'entreprise qui a besoin d'atteindre des objectifs financiers et non seulement sportifs. Ce statut d'amateur les protège en quelque sorte : ils ont jusqu'à aujourd'hui compté sur les subventions, dons, apports des membres et ne payent pas de taxes. Mais jusqu'à quand allons-nous retrouver des entreprises qui ne cherchent pas à calculer un vrai Retour sur Investissement dans le sponsoring ? Et je pense qu'Orange Tunisie a tout changé en activant ses partenariats avec les clubs de foot alors que les autres se contentent de visibilité, ou peut être un peu plus.

Par le biais de mon billet, je souhaite beaucoup plus apporter des solutions que dérouler les problèmes. Et dans mon analyse je vais les séparer en solutions à long et court terme.

Sur le long terme : la compétitivité des clubs

Placer des spécialistes en management du sport professionnel au sein et à la tête de l'organe de gestion des clubs : monter des Mastères en Management du Sport au sein d'écoles de commerce, en partenariat avec la ligue et les clubs. Vous pensez qu'un bailleur de fonds est mieux placé ? Je pense que ce bailleur de fonds va finir par se retrouver face à un conflit d'intérêt : acceptera-t-il que son club puisse signer un contrat de sponsoring avec les concurrents de sa boite ? Vous allez me dire que de toute façon, le club ne pourra pas signer avec deux concurrents, je vous dis que ça ne revient pas au sponsor de prendre cette décision.

Extraire le foot du club omnisports. Je comprends que certains sport ont réussi à se développer sous l'hombre de l'enseigne sportive à qui ils appartiennent. En même temps, la gestion d'un tel club est très lourde.

Inclure une nouvelle culture sportive. Les clubs possèdent de solides bases de fans inconditionnels qui espèrent à chaque fois un vrai spectacle sportif. En même temps, ces clubs gèrent des groupes de supporters incontrôlables. Je ne peux rien dire sur les dessous de cette gestion, je n'en sais rien. Ce que j'observe, c'est que ces groupes ne sont pas conscients de leur vrai rôle. Il ne s'agit pas de faire fuir les fans, mais de les engager. 

Sur le court terme : que valent réellement nos clubs ?

Lors de son intervention, M. Charfeddine a précisé que le déficit actuel de l'ESS dépasse les 4 millions de dinars et que le club a besoin de récolter plus que la moitié d'ici la fin de ce mois. Dites-nous comment allez-vous faire, on pourrait siffler quelques astuces au nouveau gouvernement ! 

Plus sérieusement, face à cette difficile situation, tout le monde attend des solutions miraculeuses et dans les plus brefs délais : que le nouveau président paye la facture ! Après, on pourra revenir aux vieilles mauvaises habitudes et chercher un nouveau président. J'ai mieux à vous proposer :

Il faut commencer par enrichir et détailler les textes de Loi qui auront pour objectif d'organiser la gestion du club sportif, les contrats de sponsoring/ partenariat, l'acquisition des joueurs, les dettes des clubs, les revenus dont les droits télé (qui sont aujourd'hui gérés par la Fédération alors que c'est le boulot de la ligue > repositionner la ligue).

Une solution qui ne vient pas de moi, mais avec laquelle je suis tout à fait d'accord : réduire le nombre des clubs qui jouent en ligue 1. Jouer au championnat met beaucoup de pressions aux clubs qui se retournent vers l'acquisition de joueurs étrangers et s'endettent. Au fur et à mesure que les clubs se ressaisissent, ils pourront intégrer le championnat. Entre temps, ils devront miser sur la formation de jeunes talents, réduire leurs dépenses et se repositionner. Cette solution rendra par ailleurs la ligue 2 beaucoup plus attrayante et intéressera les médias : On pourra renégocier les droits télé à la hausse. 

Réduire les salaires des joueurs : un pari impossible et pourtant il faut réduire les dépenses de nos clubs. Et de l'autre côté, il faut penser à augmenter les revenus, par le biais des performances sportives pour commencer, mais aussi en diversifiant et en investissant : Merchandising, Relations Publiques, ...,  monter des dossiers de partenariat solides et créer des opportunités.

La fin du meeting a fini en applaudissement. Je finis mon billet pareil ! Il ne s'agit pas de soutenir les clubs, mais de leur faire gagner leur indépendance grâce à un business modèle et des qualifications. 

Un aperçu du meeting tenu par l’Étoile Sportive du Sahel : 

لقاء بين رئيس النجم و أحباء النادي للحوار حول... par Orange-tn